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Cultures et sociétés mésolithiques en France

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  • Chapitre1
    Le Mésolithique en France, d’hier à aujourd’hui
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  • Chapitre5
    L’habitat sous toutes ses formes
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3.3 Le temps du contact … ou de l’évitement ?

 

 

La question de la fin du Mésolithique pose le problème du contact avec les premières sociétés paysannes. Contact dont on ne peut douter qu’il ait eu lieu et qu’il se soit prolongé pendant une période plus ou moins longue, mais qui reste cependant encore fort mal documenté : dans la plupart des cas, lorsque le Néolithique se manifeste, on perd en effet dans le même temps tout indice de présence mésolithique. C’est le cas dans le sud-est, où les gisements castelnoviens et les habitats du premier néolithique s’excluent, les uns occupant plutôt des sites de moyenne altitude, les autres des positions basses (Binder et al., 2008). Du coup, les couches 57 et 54 de la grotte du Gardon (Ain) offrent un cas tout à fait intéressant, peut-être même unique : rapportées au Mésolithique final jurassien, elles s’intercalent en effet entre plusieurs couches néolithiques, dont la 58, datée entre 5350 et 5000 cal BC, et la 56, rapportées toutes deux à un Néolithique ancien méridional (Perrin, 2010). Quant aux phénomènes d’bulle...acculturation qui ont été décrits à ce jour, qu’ils mettent en scène ce que certains ont qualifié d’ « ensembles mixtes » (Voruz, 1999) ou qu’ils se basent sur le constat d’une possible synchronie, ils reposent autant sur des présupposés conceptuels que sur des faits archéologiques avérés. C’est le cas pour la céramique de la Hoguette, qui apparaît à la fin du VIème millénaire cal BC dans le Bassin parisien et est donc contemporaine de celle du Rubané : elle en diffère totalement cependant, tant du point de vue de la technologie que de la typologie des formes ou des décors. Sur la base d’arguments stylistiques d’ailleurs plutôt convaincants, certains pensent que cette production céramique pourrait être le fait de populations mésolithiques acculturées, avant même l’arrivée des premiers colons rubanés, par des populations néolithiques d’origine méditerranéenne (Manen, 1997). Ce scénario séduisant se heurte cependant à l’absence de relais crédibles entre les deux zones et à des problèmes de chronologie fine non encore résolus. Dans les Midis, le contact entre les deux populations a été souvent évoqué en mobilisant des gisements ayant livré des ossements d’bulle...ovicaprins domestiques en contexte Mésolithique tardif : en fait l’argument ne tient pas, soit qu’il y ait eu erreur de détermination (Gramari), soit que les conditions de sédimentation rendent plus que probable un mélange avec les couches sus-jacentes (Châteauneuf, Dourgne). Inversant le sens traditionnel de l'acculturation, la proposition formulée par C. Jeunesse (1997) discerne dans les assemblages bulle...lithiques (notamment les armatures) ou les pratiques funéraires des populations rubanées des éléments de variabilité qu’il attribue à l’influence des traditions mésolithiques. Le même type de scénario pourrait d’ailleurs s’être joué dans le sud, montrant qu’il n’est finalement pas si fantaisiste que cela d’imaginer que les néolithiques aient pu être influencés par les populations indigènes : alors que les flèches de Montclus sont interprétées comme le signe d’un emprunt mésolithique aux nouveaux arrivants néolithiques, les travaux récents menés au Cuzoul de Gramat montrent qu’elles sont vraisemblablement déjà présentes dans les assemblages mésolithiques antérieurement à l’arrivée des porteurs de la tradition cardiale, qui se retrouvent du coup en position de débiteurs.