6.2 Art et univers symboliques
Gravures sur os, Rymarksgard, Danemark
L’évocation de ces pratiques funéraires qui touchent, au travers des diverses modalités du rituel funéraire, au domaine particulier de l’univers symbolique, donne pour finir l’occasion d’évoquer la question de l’art mésolithique en France. En dehors des objets de parure, comme on l’a vu assez nombreux notamment en contexte funéraire, très peu d’éléments peuvent être mobilisés : petits bouts d’os incisés et souvent brûlés (comme à l’Abeurador, Montclus ou aux Escabasses) ou fragments plus conséquents (comme l’os d’aurochs de Choisey, portant une série de stries), poinçons décorés des sépultures de Téviec et Hoëdic, spatule ou lissoir avec quadrillage incisé de Rouffignac (Dordogne), gaines de hache de la vallée de la Somme à décor quadrillé couvrant …, la liste est bien courte et suggère que l’essentiel de l’art mobilier du Mésolithique français, par ailleurs tout à fait cohérent dans le concert du Mésolithique européen, était soit réalisé sur support périssable (comment ne pas penser à l’arbre et à ses dérivés ?), soit systématiquement détruit. Des éléments non transformés peuvent également avoir participé à l’élaboration ou à la mise en place d’un rituel particulier : c’est le cas par exemple des galets plantés en cercle dans le Castelnovien de Montclus, auxquels les galets gravés de la Montade et de Ventrabren, ou la dalle plantée des Usclades, dans tous les cas nettement plus anciens, ont peut-être servi de prémisses. L’art pariétal est par contre bien représenté dans le Bassin parisien, avec la série d’abris sous roche ornés de la forêt de Fontainebleau (Chateaubriand, Larchant …) : des séries de traits, parallèles ou non, formant des treillages ou des grilles et parfois interprétés comme des huttes, associés à des motifs simples non organisés, couvrent certaines parois. Quelques représentations humaines très stylisées et de plus rares encore animales ont été signalées (Benard, 2014).